Le 8 mars 2010, le ministre de l’Environnement, Pierre Arcand, rendait enfin public le rapport de la commission du Bureau d’audiences publiques en environnement, intitulé « Rapport du BAPE sur le développement durable de l’industrie des gaz de schiste au Québec». Qualifié d’équivalent d’un moratoire, le rapport a été accueilli favorablement par les écologistes. Quant à l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), par la voix de son président, Lucien Bouchard, elle a également indiqué être favorable aux recommandations du BAPE et entendait se soumettre à l’encadrement proposé.
Considérant le manque de connaissance des impacts découlant de cette exploitation et pour une meilleure compréhension des tenants et aboutissants de cette industrie, le BAPE a en effet conclu qu’une évaluation environnementale stratégique (ÉES) était essentielle. Le gouvernement du Québec a annoncé qu’il entendait donner suite à ses recommandations.
Le rapport volumineux, réparti sur 14 chapitres, contient 101 avis et 43 constats. L’ÉES constitue la recommandation principale du rapport. Selon les commissaires, elle devrait permettre d’établir des balises solides pour assurer un encadrement plus serré de l’industrie. L’ÉES, qualifiée de quasi moratoire par certains, pourrait durer quelques années. Bien que les activités déjà en cours pourront se poursuivre, les nouvelles fracturations hydrauliques devront se faire suivant l’étendue permise par celle-ci et dans un but d’information scientifique. Pour ce faire et dans le cadre de travaux d’exploration, des relevés sismiques et de nouveaux forages pourront être exécutés mais de façon «réduite».
Suite à l’analyse des enjeux et du rythme d’exploitation anticipée, soit de 150 à 600 puits/année à partir de 2015, la commission aborde les thèmes portant sur l’usage et la protection de l’eau, la qualité de l’air, les risques technologiques, le milieu humain, l’économie, la cohabitation harmonieuse, l’encadrement et l’évaluation environnementale stratégique (son utilité, ses composantes et les objectifs recherchés), et fait part de ses recommandations pour chacun d’eux.
Sur l’usage et la protection de l’eau, la commission suggère diverses mesures sur l’acquisition de connaissances sur les eaux de surface et souterraines, les restrictions d’utilisation de l’eau et la définition de seuils, la divulgation de produits servant à la fracturation, les produits de remplacement et les impacts à long terme pour n’en citer que quelques-unes.
Quant à la qualité de l’air et des gaz à effet de serre (GES), la commission recommande, entre autres, la démonstration de l’étanchéité des puits, l’évaluation des effets cumulatifs des contaminants atmosphériques, l’utilisation d’équipement de remplacement non polluants et le suivi des émissions des GES.
Tel que déjà mentionné et pour assurer un encadrement strict de l’industrie quant aux risques technologiques, il est proposé de prendre en considération les risques sismiques et des mesures d’inspection des équipements, des études sur la séismicité provoquée par la fracturation des puits ainsi que la gestion de ces risques.
Sur le plan humain et afin d’éviter les erreurs du passé, l’implication des MRC et des municipalités dans la planification du développement comme mesure participative est également recommandée. Les MRC et municipalités ne sont-elles pas les mieux placées pour évaluer leurs spécificités territoriales? Pour assurer cette cohabitation harmonieuse, la commission préconise une démarche fondée sur la transparence et le respect, une approche participative auprès des collectivités et des consultations publiques.
La commission suggère également une amélioration de la concertation entre le MDDEP et le MRNF. Elle va jusqu’à soumettre non seulement la révision mais le transfert de juridiction des lois applicables et l’assujettissement des projets à des autorisations qui relèveraient du MDDEP et non plus du MRNF.
La commission se penche finalement sur la pertinence socio-économique de l’exploitation de ces ressources.
En résumé, les thèmes abordés par la commission peuvent être regroupés en quatre éléments essentiels : amélioration des connaissances, participation du public et concertation du milieu d’accueil, retombées économiques et resserrement de l’encadrement de l’industrie et renforcement de la concertation entre le MDDEP et le MRNF.
Le rapport peut-être consulté au site du MDDEP: www.mddep.gouv.qc.ca.
Source : Me Lucie Gosselin, avocate-conseil
Daigneault, avocats inc.
Le 9 mars 2010
480, rue Saint-Georges,
Saint-Jérôme (Québec) J7Z 5B3
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